Ainsi donc, le 2 février 2020, au HSBC Sydney Sevens, c'est la dernière fois que l'on aura eu la chance de voir Marjorie Mayans sur le HSBC World Rugby Sevens Series. Ce week-end là, elle était devenue la deuxième joueuse la plus capée de l'équipe de France 7 (derrière Fanny Horta) pour ce qui allait être son 34e et dernier tournoi. Après avoir disputé deux Coupes du Monde de Rugby à 7 en 2013 et 2018 (avec une médaille d'argent pour la dernière à San Francisco) et les Jeux olympiques de Rio en 2016, Marjorie a posté un message sur son compte Instagram le 6 mai 2020.

« C'est avec beaucoup d'émotions que je mets fin à mon aventure avec France 7 et que je retrouve le rugby à XV. La situation actuelle aura bouleversé bien des choses, et c’est d’une manière un peu anticipée que je décide d’arrêter le rugby à 7 », annonce-t-elle.

« Faire partie de cette équipe pendant 10 ans aura été un de mes plus grands projets, sportifs bien sûr, mais surtout personnel. Le rugby à 7 demande une implication, une endurance mentale incroyable, et ce sport m’aura fait découvrir ce qu’était le dépassement de soi.

« La décision fut difficile à prendre, mais le choix était pourtant évident. Je mets un terme à mon rêve, qui est celui de tout sportif : une médaille aux Jeux Olympiques de Tokyo. J’ai donné tout ce que je pouvais pendant ces années et je suis ravie de laisser l’équipe telle qu’elle est aujourd’hui, avec un potentiel et une envie de travail qui j’espère l’emmènera sur le podium à #Tokyo2021. (…) J’ai la chance d’arrêter une aventure pour en poursuivre une autre que j’avais un peu délaissé faute de temps. »

L'atout 7

Marjorie Mayans, la joueuse de Blagnac, aura 30 ans le 17 novembre prochain. Entre Dubaï en 2009 et Sydney en 2020, elle a marqué 13 essais et un total de 65 points sur le circuit mondial. Mais ce n'est pas nécessairement ce qu'on retiendra d'elle. « Elle est capable d'évoluer à 7, à XV, devant, troisième-ligne, derrière, au centre, elle arrive à chaque fois à garder son identité et à amener ce petit plus. Certes avec son plaquage qui est reconnu de tous, mais aussi dans le jeu. Elle est capable de défendre et d'attaquer », salue Laura di Muzio, consultante en rugby féminin.

Et même si elle admet elle-même n'avoir « pas forcément le profil à 7 », son apport au format réduit du rugby aura été exceptionnel durant toutes ces années. « Quand j’ai commencé, on était les petites jeunes qui reprenaient le flambeau après la Coupe du Monde 2009 parce que les plus anciennes avaient basculé sur le XV », explique-t-elle sur le site de France Rugby.

« On s’est retrouvé avec une équipe très jeune à faire notre premier tournoi à Dubaï en décembre 2009 (on les appelait les « Baby Blues », ndlr). On ne connaissait rien au 7. On avait beaucoup d’envie mais on avait beaucoup de lacunes. On a beaucoup bossé. On a quasiment le même staff depuis cette époque là. On a eu des périodes très difficiles. Quand on est arrivé sur le World Series, on se battait pour avoir la 10e place. On s’est battue pour la cause du rugby féminin et pour le rugby à 7. » Aujourd'hui, France 7 pointe à la 4e place mondiale.

Médaille de bronze à la RWC 2017

"Je crois que c'est l'une des joueuses les plus régulières qu'on ait pu avoir sur la scène internationale"

Laura di Muzio

Le report des JO de Tokyo à l'été 2021 pour cause de pandémie de Covid-19 aura donc mis fin prématurément à sa carrière de septiste. Car quelques semaines après les JO 2021 devrait débuter la Coupe du Monde de Rugby en Nouvelle-Zélande. Et après avoir disputé la dernière édition en 2017 en Irlande où la France avait terminé 3e (l'année d'après elle remportait le Grand Chelem), Marjorie, « The Blonde Destroyer », forte de ses 40 sélections à XV, espère bien faire de nouveau partie de l'effectif de Samuel Cherouk et Annick Hayraud.

« La première pensée qui me vient, c'est tout simplement : chapeau ! », félicite Laura di Muzio. « Même si sa carrière à XV n'est pas terminée, il faut saluer déjà l'immense carrière qu'elle a derrière elle. Je crois que c'est l'une des joueuses les plus régulières qu'on ait pu avoir sur la scène internationale.

« Ça fait 15 ans qu'elle a tout fait, tout vu, tout connu, tout réussi. Même si évidemment la France n'a pas décroché de grands titres avec le Sevens, Marjorie fait partie de ces joueuses qui ont fait avancer la cause du rugby féminin, notamment parce que c'est une joueuse de classe internationale.

« C'est une fille qui ne rate pas un match. Elle est toujours au minimum dans un bon match, sinon la plupart du temps au-dessus du lot. Elle est tellement précieuse à la fois en termes de puissance pour un collectif, mais aussi au-delà de son équipe.

« C'est une des missions pour les sportifs de haut niveau. Une fille comme Marjorie c'est quelqu'un qui, au-delà de son action, a inspiré d'autres filles à se lancer dans le rugby. C'est en cela que l'on doit aussi remercier la femme et la sportive. »