Aimee Barrett-Theron ne le cache pas : elle ambitionne d'être retenue dans le panel des arbitres pour la Coupe du Monde de Rugby en 2021 en Nouvelle-Zélande. Elle admet que son agenda du moment est « un peu intense » comparé à une personne lambda entre ses engagements dans l'arbitrage international et sa société de bio-cinétique.

Mais en février, elle a trouvé le temps de faire le déplacement d'Afrique du Sud en Europe pour arbitrer deux matches du Tournoi des Six Nations, dont la victoire de l'Angleterre sur la France dans un stade du Hameau bondé à Pau.

« A certains moments, je regardais les tribunes et je me disais : woooww », sourit-elle aujourd'hui. « 15 000 personnes pour un match de rugby féminin et complètement derrière son équipe ! C'était incroyable. J'ai trouvé ça génial pour le rugby féminin en général et j'espère que d'autres pays vont s'inspirer de cet exemple de la France pour accompagner leur équipe. »

Son deuxième match n'était pas moins fort émotionnellement avec la victoire de l'Irlande sur le Pays de Galles à Dublin.

Son match le plus froid

A 50 minutes de jeu, les Irlandaises menaient 24-12 sous une pluie intense tombant sur le Energia Park, ce qui rendait les conditions de jeu parfaitement désagréables pour tous.

« Mais les joueuses ont continué à jouer, bravo », s'émeut Aimee Barrett-Theron. « C'est sans doute le match le plus froid que j'ai eu à arbitrer ! La santé des joueuses est très importante et j'étais prête à arrêter à tout moment, mais à chaque fois j'espérais que la pluie s'arrête. En fait, ça s'est calmé un peu et on a pu continuer. »

Une grosse année à venir

Les engagements d'Aimee Barrett-Theron ne se sont pas arrêtés maintenant qu'elle est repassée dans l'hémisphère sud. Huit jours après la pluie glaciale de Dublin, elle a arbitré un match de la Varsity Cup à Pretoria.

A 32 ans, l'ancienne internationale d'Afrique du Sud, qui a officié sur les JO de Rio en 2016 et l'année d'après en Irlande pour la Coupe du Monde de Rugby, espère bien poursuivre sur la Currie Cup Premier Division et en Super Rugby cette année.

« Je pense que 2020 va être une grosse année pour moi pour faire ma place en vue du groupe pour la Coupe du Monde de Rugby, mais aussi pour apprendre et m'améliorer de plus en plus », explique-t-elle. « J'essaie d'en faire le plus possible avant la Coupe du Monde de Rugby 2021. On aimerait bien aussi être sur des tests masculins, en Super Rugby, dans le Six Nations ou en Pro14.

« Joy Neville le fait et ça nous rempli toutes de fierté. Sara Cox est sur le Premiership et il y a d'autres arbitres qui poussent également dans ce sens. Je pense que nous devons continuer pour la prochaine génération, juste pour montrer que c'est possible.

« Évidemment, il y a beaucoup de développement en ce moment dans le rugby féminin et pour impliquer les femmes dans le rugby, mais c'est vraiment important pour nous de tracer notre route et je suis sûre que c'est notre priorité, pour chacune d'entre nous. »

L'influence fondatrice de Rasta Rasivhenge

Sa route, Aimee Barrett-Theron a commencé à la tracer à l'âge de 13 ans lorsqu'elle a acquis une certaine réputation en tant qu'athlète dans son école à Durban. C'est là qu'elle a goûté pour la première fois au rugby à toucher, puis au Sevens, puis au rugby à XV jusqu'à être reconnue dans ces deux dernières disciplines à l'âge de 20 ans.

C'est donc dans cette lignée qu'Aimee a décidé de poursuivre avec le sifflet cette fois, arbitrant le Touché et le hockey. Mais ce sont deux de ses pairs qui l'ont poussé à arbitrer au plus haut niveau international dans le rugby : Rasta Rasivhenge et Cwengile Jadezweni.

Jadezweni l'avait croisée à l'université de Stellenbosch et Rasivhenge l'avait approchée à Dubaï au moment où elle s'interrogeait sur la suite à donner à sa carrière.

« Il est venu me voir et il savait qui j'étais. Il m'a demandé quand j'allais enfin prendre le sifflet. Il m'a dit que je serais une grande arbitre », se rappelle-t-elle.

Présente dans les Springboks Women pendant quatre ans, Aimee Barrett-Theron a ensuite compris que son temps parmi les joueuses était terminé. « Je me suis dit qu'il était temps pour moi de faire autre chose ; je sentais que j'avais fait le tour », soupire-t-elle.

« Mais comme j'étais toujours autant passionnée par le rugby, je ne pouvais pas trop m'en éloigner non plus. C'est là que je me suis dit qu'il était peut-être temps effectivement de prendre le sifflet. Je reste sur le terrain et toujours au cœur de l'action. Ça reste un défi physique, c'est très prenant mentalement et émotionnellement.

« Lorsque j'ai pris le sifflet, j'ai repensé à toutes les fois où j'ai critiqué l'arbitre quand je jouais parce que c'est l'une des choses les plus difficiles que j'ai faites dans ma vie, mais aussi l'une des plus gratifiantes... »