KUMAMOTO, le 30 septembre – Dans l’absolu, c’était une question de logique. Dans ce squad de l’équipe de France en mission au Japon, Louis Picamoles est le joueur le plus expérimenté : le plus âgé - 33 ans et 239 jours au coup d’envoi de France-États-Unis -, le plus ancien chez les Bleus avec une première sélection dans le Tournoi des Six Nations 2008 et le plus capé (80 matches en bleu). Trois paramètres qui faisaient de lui un choix naturel pour assumer le capitanat d’une équipe remaniée et donc privée, au coup d’envoi, de Guilhem Guirado et Jefferson Poirot. 

« C’est le choix qui s’imposait, justifiait Jacques Brunel. Louis est celui qui a le plus d’expérience dans une équipe remaniée. Il jouera à un poste qu’il connaît, aura un rôle qu’il connaît (il a été capitaine à Montpellier N.D.L.R) : il présentait le plus de garanties. Cela nous semblait être le plus logique par rapport à cette composition d’équipe. »

« Pas envie de me prendre la tête »

Cela semble naturel mais fin août, c’était pourtant loin d’être évident. Après le dernier match de préparation, contre l’Italie, flottait même dans l’air l’hypothèse d’une non-sélection pour la Coupe du Monde au profit de François Cros… En grand danger, il a finalement été retenu par Jacques Brunel.

Louis Picamoles s’est donc envolé pour le Japon relever un ultime défi avec les Bleus, lui qui a d’ores et déjà annoncé son souhait de prendre sa retraite internationale à l’issue de cette campagne. Et il s’y épanouit. Comme libéré d’un poids.

Il l’avoue : « Je n’ai pas envie de me prendre la tête avec des futilités. Je veux simplement engranger un maximum de plaisir, donner tout ce que je peux donner à l’équipe et mes coéquipiers, prendre ce qu’ils peuvent me donner. Je ne me pose pas de question négative,  je veux seulement être positif avec le groupe et avancer. Avancer et voir où ça va nous mener », disait-il.

La métamorphose

Une métamorphose relevée par Jacques Brunel, qui n’a pourtant jamais hésité à se passer du troisième ligne depuis sa prise de fonctions, dans le Tournoi 2018. « Dans la vie de groupe, dans la construction du jeu, dans la réflexion, il a montré depuis le début beaucoup d’investissement et souvent à bon escient. Il a un visage que je ne lui connaissais pas. C’est surprenant mais très positif », se félicitait le sélectionneur.

Papa du groupe, chef de meute, leader, monstre d'expérience : voilà donc l’international numéro 1000 de l’équipe de France  propulsé contre les États-Unis 91ème capitaine de l’histoire des Bleus, le cinquième de l’ère Brunel.

« Il va devenir officiellement capitaine. Mais pour l’ensemble du groupe, il est déjà quelqu’un d’important :  il est le relais de Guilhem devant, il a beaucoup d’expérience, c’est son troisième Mondial, adoube Yoann Huget. Je suis content pour lui. Il profite de chaque moment, il n’a plus cette pression de devoir à chaque fois confirmer parce qu’il sait qu’il tire ses dernières cartouches, il joue libéré, fait profiter de son vécu, donne des conseils aux jeunes. Il est dans le partage. »

Picamoles, qui sera le 14ème joueur français à assumer un capitanat en Coupe du Monde après notamment deux entraîneurs du staff actuel - Jean-Baptiste Elissalde (1 en 2007) et Fabien Galthié (5 en 2003) - a déjà fait passer ses messages : « La clé, c’est de ne surtout pas se satisfaire de notre performance face à l’Argentine et de continuer à travailler », disait-il. Il va aussi pouvoir donner l’exemple sur le terrain. Pour les Bleus, c’est un cadeau. 

RNS gl/sc