N'y allons pas par quatre chemins : la prestation de l'équipe de France féminine de rugby à 7 à Dubaï était décevante. Les vice-championnes du monde à San Francisco en juillet, troisièmes de la saison dernière, n'ont signé que trois victoires en six matches pour finir à la 7e place du classement de cette deuxième étape. Loin, bien loin de ce que les Françaises avaient montré il y a peu.
« La deuxième journée surtout, elles n'ont pas montré leur meilleur visage », observe Laura di Muzio, invitée par World Rugby pour commenter le rugby féminin. « Collectivement, je les ai senties un cran en-dessous physiquement. J'ai l'impression qu'elles n'arrivaient pas à trouver les solutions. Elles n'ont pas réussi à basculer collectivement dans la rébellion. »
"Elles n'ont pas réussi à basculer collectivement dans la rébellion..."
La grosse perf du Canada
Il faut dire qu'en face le Canada avait repris de la vigueur. En perte de vitesse, notamment sur l'étape japonaise à Kitakyushu l'année dernière, les Canadiennes avaient progressivement raté leur fin de saison. Après une belle perf à Glendale, elles ont continué leur remontée dans le classement mondial pour finir deuxième du classement général après une troisième place à Glendale puis une deuxième à Dubaï.
« Les Canadiennes viennent chercher la finale alors que ça fait une petite année qu'on les sent moins au-dessus. Avant, il n'y avait pas photo. Mais là, ce n'est pas qu'elles étaient descendues d'un cran, mais elles avaient subi la puissance des autres nations. A Dubaï, elles ont fait un gros tournoi », relève Laura di Muzio.
"Oui les Canadiennes ont fait un gros tournoi à Dubaï, mais j'attend de voir ce qu'elles vont faire sur le reste de la saison."
« Cette saison en particulier, je pense que certaines équipes vont frapper fort. Il y a les USA qui sont au-dessus par exemple. Oui les Canadiennes ont fait un gros tournoi à Dubaï, mais j'attend de voir ce qu'elles vont faire sur le reste de la saison. C'est une équipe qui se repose beaucoup sur ses bonnes joueuses – je suis très fan de Ghislaine Landry et Britanny Benn – mais à un moment donné elles ont peut-être moins su se renouveler comme d'autres grosses équipes comme les Néo-Zélandaises qui se renouvellent constamment. Les Françaises aussi ont su intégrer des petites jeunes qui font désormais intégralement parties du groupe France. Je me demande quel réservoir les Canadiennes vont pouvoir apporter derrière. »
La clé de la saison : la relève
Car pour Laura, le banc, la réserve, sera la clé de la saison. « Si tu n'as qu'un sept de départ très fort, tu ne tiens pas sur la durée », estime Laura di Muzio. « C'est la force des grandes équipes que de proposer de nouvelles joueuses en permanence. Je me dis toujours : mais où les Néo-Zélandaises vont-elles chercher ces nouvelles joueuses à chaque fois ! Elles se renouvellent en permanence ! Regarde Kelly Brazier... Je ne sais pas ce qu'elle prend au petit-déjeuner le matin, mais ça fait 10 ans qu'elle est à ce niveau. Woodman n'est pas là pendant un an, mais elle n'a pas
"Peut-être qu'aujourd'hui on les attend à un niveau très élevé et à la moindre sortie de route on s'alarme."
manqué sur le tournoi ! »
Reste que malgré son banc, la France n'a pas brillé ce week-end à Dubaï. « Même lors de leur dernier match, contre l'Irlande, c'était dur alors que c'est normalement une équipe contre laquelle on ne tire pas la langue... », assure notre consultante.
« Elles ont fait une performance tellement énorme cet été avec cette finale de championnat du monde. Peut-être qu'aujourd'hui on les attend à un niveau très élevé et à la moindre sortie de route on s'alarme. J'ai envie de penser que ce n'est qu'une erreur de parcours. Il ne faut pas douter dès le deuxième tournoi. »