Nouvelle équipe, nouveau staff, nouveaux espoirs... et nouvelle défaite. La septième de rang. La quatrième de l'Irlande à Paris depuis 40 ans. Le XV de France nouvelle formule, désormais placé sous les ordres de Jacques Brunel, n'a pas produit de miracle en ouverture du Tournoi des 6 Nations face à l'Irlande samedi 3 février 2018. Ce n'était que la deuxième fois – depuis 1963 – que la France perdait son match d'ouverture du Tournoi.
Et tout ça pour un point que l'on a vite regretté après un superbe éclair de génie qui a conduit Teddy Thomas sous les poteaux après une course folle en slalom à la 72e (13-12), puis avec une pénalité manquée qui aurait placé l'équipe de France à quatre points devant l'Irlande, suffisant pour empêcher le drop de Johnny Sexton à la 83e minute de donner la victoire aux hommes de Joe Schmidt (13-15).
"Il y a du boulot, on le sait, mais on est en train d'avancer..."
« Evidemment c'est une grosse déception », ne cache pas Didier Retière, le directeur technique national, invité par World Rugby à donner son analyse sur la prestation des Bleus pendant le Tounoi.
« On a une équipe solidaire, courageuse qui a relevé le défi face à une équipe irlandaise bien en place, à l'image de ce qu'on pouvait attendre d'elle, c'est à dire coriace avec un niveau d'intensité très dur. Il y a eu une sorte d'éclaircie, un petit côté french flair avec des choses très intéressantes (à la 72e, ndlr). Et puis après il y a eu un côté très pragmatique d'un joueur qui, avec son côté très chirurgical, fait un renvoi parfait aux 22, une diagonale et tape le drop de 45 mètres.... Je suis déçu, mais on est de nouveau dans la course. Il y a du boulot, on le sait, mais on est en train d'avancer. »
Au vu des stats, la France a un peu avancé – 279 mètres parcourus contre 377 - même si elle n'affiche de 38% de possession et autant d'occupation. Mais les Français ont bien plus défendu – 238 plaquages avec 94% de réussite contre 95 avec 84% de réussite pour les Irlandais – ce qui les a immanquablement pénalisé – 10 pénalités contre (8 côté irlandais).
« Une vague va s'intensifier... »
Comme Matthieu Jalibert quelques jours avant, Retière n'hésite pas à parler de french flair, ce concept que l'on pensait appartenir au passé et que Brunel, par son envie de laisser l'initiative à ses joueurs, voudrait bien remettre au goût du jour.
« J'ai aimé ces jeunes joueurs (6 non capés, ndlr) qui sont entrés dans ce match, la prise d'initiative d'Anthony Belleau et d'Antoine Dupont sur cette dernière séquence où on joue côté fermé. Malgré tout ce qu'on a raconté, la formation française forme des joueurs qui savent prendre des initiatives, qui ont toujours un peu ce flair. C'est ça qui est intéressant », assure le DTN.
"Malgré tout ce qu'on a raconté, la formation française forme des joueurs qui savent prendre des initiatives, qui ont toujours un peu ce flair..."
« Ces jeunes se sont construits sur le french flair. C'est une nouvelle génération qui a peut-être intégré un peu mieux le rugby pro que les autres, avec un meilleur équilibre du moins. Avant, chez les jeunes, on était beaucoup sur la prépa physique et la stratégie. Là, on sent la réorientation qui a pu être faite il y a trois ou quatre ans et qui va monter en intensité. Quand on voit jouer nos moins de 20, il y a une vague qui va s'intensifier. »
Simple ne veut pas dire simpliste
Selon lui, la stratégie de ne justement pas en avoir est désormais la bonne chose à faire. « Oui on a raison de revenir à un jeu plus simple », tranche-t-il. « Le rugby est un sport qui demande de la vitesse et de la prise d'initiative. Et lorsqu'on a des systèmes trop complexes, les joueurs forcément jouent plus doucement pour les appliquer.
« Il faut revenir sur des choses plus simples, qui ne veulent pas non plus dire simplistes, mais dans lesquelles la prise de décision des joueurs reste au centre. Je crois que c'est parfois les défauts que les coachs peuvent avoir : essayer de trouver des réponses toutes faites où les joueurs ont moins à prendre d'initiatives. Ca peut aussi avoir l'effet qu'ils ne s'adaptent plus et mettent un peu moins de conviction... »