Dans la communauté rugby de Hong Kong, Elle est connue comme « Frenchie ». Mais son vrai nom, c'est Amélie Seure. Bon, c'est vrai qu'elle a tout d'une Française entre baguette et fromage, le tout enrobé d'un accent qu'elle a su conserver de ses origines dans la région de Grenoble. Pourtant, Amélie est arrivée à Hong Kong il y a douze ans, à la faveur d'un semestre validant son année d'études d'ingénieur. « Au départ je devais partir pour quatre mois », dit-elle en souriant.

Embauchée dans une boîte de harnais de sécurité sur les chantiers qui s'est développée, elle a fait le choix de rester dans la péninsule un peu plus longtemps...

La découverte du rugby à Hong Kong

En France, Amélie était plutôt branchée hand, dans un petit club près de Grenoble qui a quand même réussi à pousser en N2 au mieux de sa forme. « Quand je suis arrivée à Hong Kong, j'ai essayé de retrouver ça, mais le hand n'était pas tellement développé là-bas. J'ai joué pendant deux ans, mais le niveau n'était pas très challenging », se souvient-elle. « Mon boss jouait au rugby et il m'a recommandé un club. Je suis arrivée à un entraînement. En fait, il y a pas mal de transfert entre le hand et le rugby : la course, attraper un ballon, créer des espaces, prendre des intervalles... »

"Depuis 2009 je fais partie des équipes nationales à 7 et à XV."

Amélie Seure

Après un an de rugby à Hong Kong en amateur, Amélie arrive au terme des trois ans de résidence dans le pays. Suffisant pour prétendre être sélectionnée en équipe nationale. C'est ce qui arrive en 2008 avec une première sélection au Kazakhstan où Amélie découvre le Asian Championship. « Direct j'ai été prise en charge par les coachs nationaux. J'ai eu beaucoup de chance. C'était une meilleure structure que le club. Et depuis 2009 je fais partie des équipes nationales à 7 et à XV. »

Plus costaud que la moyenne

Amélie profite de la vague des contrats pro en vue des JO de Rio où l'équipe à 7 a alors toutes ses chances. Son choix est vite fait : elle poursuivra dans le rugby. C'est à ce moment qu'elle passe au passeport Hongkongais. Aujourd'hui, la Grenobloise affiche 28 sélections à XV et 25 à 7.

"On est tous là pour représenter Hong Kong. C'est ma deuxième maison et ma nation de rugby."

Amélie Seure

« Mes qualités intrinsèques font de moi plus une joueuse de XV, même si je m'en sors à 7 », admet l'avant de 33 ans. « A Hong Kong, le panel de joueuses est peut-être moins important que dans d'autres pays (par la taille), mais je pense que je suis un peu plus costaud que la moyenne sur place. Je suis dans la norme française : 1,70m pour 72 kg. Malheureusement, je ne suis pas rapide rapide et au niveau international ça limite un peu à 7.

« Mais ce qui est sympa avec Hong Kong, c'est que c'est une ville très hétéroclite et tout le monde est habitué à voir toutes les nationalités. Notre équipe transmet ça aussi. On a quelques expats et ça fait une équipe très soudée à la fin car on accepte les origines de chacun. On est tous là pour représenter Hong Kong. C'est ma deuxième maison et ma nation de rugby. »

Hasard du tirage au sort, elle a bien failli se retrouver dans la poule de la France à la Coupe du Monde de Rugby Féminin en Irlande si Hong Kong avait battu le Japon lors des qualifications. Mais dans l'équipe, une expatriée canadienne a été aussi sélectionnée. Et elle jouera bien contre le Canada, une autre mère-patrie.

Photo : Hong Kong Sportsfinder, Yun Fai Kwok.