« Pour nous, c'est l'aboutissement de trois ans de travail ! » Pierre Gony ne cache pas sa joie à la veille de lancer le premier championnat national de rugby scolaire à Madagascar. Après un mois de compétition à travers tout le pays (22 régions engagées), les 16 équipes finalistes, venant de huit régions, se retrouvent au mythique Stade Malacam.

Trois tournois se tiendront en parallèle : le championnat scolaire masculin, le championnat scolaire féminin et le championnat national féminin, soit la crème de la crème des plus jeunes joueuses de rugby du pays. 

« A la création de l'association en 2011, nous avions deux thématiques : l'éducation par le rugby et la solidarité internationale », explique Pierre Gony, 25 ans à l'époque, qui a lancé Terres en mêlées à Toulouse. L'idée était alors de reconnaître que le rugby était – et est toujours ! - un formidable vecteur d'éducation et de développement. Que ce soit en Afrique ou dans le reste du monde d'ailleurs. « On s'était aperçu qu'en Europe, les enfants venaient au rugby dans une démarche consumériste, de consommation, alors que sur le terrain africain, ils faisaient preuve de beaucoup d'envie, beaucoup d'enthousiasme. »

Sur les terrains poussiéreux, le rugby invisible

Gony et son équipe ont alors progressivement investi les terrains poussiéreux et ont renoué avec « la pureté du jeu que l'on trouve sur le terrain africain ». « Nous avons voulu nous engager pour promouvoir ce rugby que l'on ne voit pas », dit-il.

Soutenue par la Fédération Française de Rugby, Terres en mêlées a très vite bénéficié du programme d'initiation de World Rugby, Get Into Rugby, ouvrant ainsi une porte sur ce que Gony nomme « le rugby invisible », l'authentique, le véritable, celui qui propage l'esprit du rugby jusqu'au plus profond d'une contrée.

Et c'est donc en toute logique que, le 6 avril dernier, à l'occasion de la journée internationale du sport au service de la paix et du développement, World Rugby avec son programme « Spirit of rugby » a pu officialiser son soutien à Terres en Mêlées pour son programme d’éducation par le rugby à Madagascar. C'est la seule association francophone au monde à avoir bénéficié de ce coup de pouce.

Une forte crédibilité

« J'avoue que lorsque j'ai appris la nouvelle, j'ai versé des larmes de joie », admet Pierre Gony, un grand sourire aux lèvres. « Pour nous, c'était la reconnaissance de six ans de travail sur les terrains de rugby africains, dans une dizaine de pays, et toujours dans l'ombre. Ça nous a mis un bon coup de projecteur sur nos actions en faveur des écoles et nous sommes arrivés ensuite à créer de l'emploi et à former des éducateurs locaux. Cette inscription dans le programme solidaire de World Rugby nous a permis de crédibiliser notre démarche. »

"L'avenir du rugby en Afrique passe par le milieu scolaire..."

Pierre Gony

Maintenant, Pierre, intarissable sur sa passion, espère aller encore plus loin. « En fait, il ne manquait plus que l'appui de World Rugby », rigole-t-il. Pour ce projet de championnat national scolaire par exemple, lui et son équipe ont travaillé étroitement avec trois ministres malgaches, ont su fédérer autour d'eux et ne peuvent que se satisfaire d'en être arrivé à ce résultat.

Un premier pas pour aller au-delà. « Nous sommes en quelque sorte la porte d'entrée pour les fédérations en milieu scolaire car je suis convaincu que c'est là où nous pouvons développer le rugby. L'avenir du rugby en Afrique passe par le milieu scolaire », assure Gony.