Cinq matches, deux victoires et encore une 11e place. La différence avec le tournoi de Hongkong une semaine avant ? « L'équipe de France a fait preuve d'un courage énorme », assure Nicolas Dupin de Beyssat, commentateur du rugby à 7 sur les antennes de Canal. « Mais ce qui est dommage c'est cette accumulation de blessures et une sacrée occasion de marquer. Comme d'habitude, sur les deuxièmes tournois. Dommage qu'on ne puisse pas tenir la longueur physiquement car le Canada et les USA en finale, l'Angleterre dans le dernier carré qu'on a gagné d'entrée... Ce sont des équipes à notre niveau. »
La victoire d'entrée de jeu sur l'Angleterre (24-14), puis une défaite de peu face à l'Afrique du Sud (10-7) leur ouvraient les portes d'un quart de Cup, attendu depuis si longtemps. C'était sans compter cette défaite contre le Japon (14-21), la 5e victoire des Japonais depuis le début de la saison ! Suivront en deuxième journée une victoire sur l'Argentine (26-24), puis une défaite (31-12) devant l'Ecosse. « Mentalement, ils ont refusé de subir, défensivement ils ont arraché. Même dans le match contre le Japon. D'entrée on sait qu'on aura du mal et malgré tout on s'arrache », remarque Dupin de Beyssat.
Révéler les talents
Des blessures de plusieurs cadres, la France va pourtant puiser une force insoupçonnée de joueurs sans réel passif dans le 7 sur le circuit mondial. Ce fut notamment le cas d'Alexis Palisson, libéré de Toulouse pour cette pige exceptionnelle, qui semble avoir pris un plaisir fou pour sa première sur le circuit. Il était arrivé pourtant à Singapour en renfort de dernière minute, quelques jours seulement avant le coup d'envoi du tournoi.
« Un mec comme Palisson, s'il cherche un contrat fédéral, avec ce qu'il a montré, il l'a quasiment paraphé ! », s'enthousiasme Nicolas Dupin de Beyssat. « Il ne s'est pas économisé ; il n'est pas venu pour faire le nombre ou se défiler quand ça tournait mal, au contraire ! Il a assumé et est allé même au-delà.
« Le 7 est une aventure qui le tentait vraiment depuis un certain temps et je pense qu'il va tenter sa carte à fond jusqu'à Tokyo (les jeux Olympiques en 2020, ndlr). Il a 30 ans, il a encore des cannes, ça fait quelques saisons qu'il ne joue pas beaucoup et qu'il est assez frais. Il a des aptitudes pour ce jeu et il a l'envie. Il sait maintenant la différence physique qu'il existe entre le Top 14 et le circuit mondial à 7 avec tout ce que cela suppose comme préparation et donc comme sacrifice pour être à niveau. Ce qu'un mec comme Barraque a encaissé, d'ailleurs. Plus les tournois avancent, plus Barraque rayonne. »
Lagarde, le Hirayama français ?
Aux côtés des cadres, les jeunes talents se sont révélés et c'est là le plus important dans le bilan de la tournée asiatique, même si un Alexandre Lagarde semblait volontairement en retrait pour se préserver pour la suite.
Deux tournois – Paris et Londres - restent avant la fin de la saison. Encore deux chances de briller, ce qui n'est pas complètement impossible. Au début de la saison, le Canada flirtait avec les bas fonds du classement. L'équipe, dont le niveau n'était pas si éloigné de celui des Français, a réussi à se relever progressivement sous l'impulsion du faiseur de rois, Damian McGrath, jusqu'à remporter son premier tournoi depuis des lustres à Singapour. Un exemple à suivre pour l'équipe de France ?
« Individuellement, la plupart des joueurs canadiens sont quand même au-dessus des nôtres », nuance le commentateur du 7. « Mais ce qui manquait au Canada, c'était une alchimie collective. Ils trouvent la bonne carburation avec Hirayama, le maître à jouer. Il est capable de jouer des coups et de les finir, mais aussi de faire jouer les autres.
« Nous, on n'a pas ce meneur de jeu qui fait jouer les autres. Nous avons de superbes individualités globalement, mais pas encore celui qui fait jouer les autres. Peut-être Lagarde qui ne se coupe pas des soutiens. Comme Hirayama, ce n'est pas un Golgoth, mais il est capable d'avoir ce petit appui au dernier moment pour ouvrir un espace à celui d'à côté et éviter l'impact. D'ici un an, je souhaite à Lagarde d'avoir ce niveau. »