Il y aura 7 arbitres au centre du stade Gabriel-Montpied de Clermont-Ferrand pour le Clermont Sevens, ultime étape de la saison HSBC World Rugby Women’s Sevens Series : Alhambra Nievas (Espagne), Sara Cox (Angleterre), Gabriel Lee (Hong-Kong), Amy Barrett (Afrique du Sud), Beatrice Benvenuti (Italie), Rasta Rasivhenge (Afrique du Sud)... et Marie Lematte (France).
Marie a cette particularité de passer du XV au 7 sans difficulté, arbitrant aaussi bien en Fédérale 2 qu'au niveau international pour le XV et donc maintenant en World Series. Et pour chaque discipline, elle adopte une méthode et une disciplines différentes.
« Le XV est un sport qui est complexe et en même temps très riche », admet-elle. « Il y a 30 personnes sur un grand terrain... au niveau technique, tactique, c'est un sport qui a une vraie richesse, difficile à comprendre quand on n'est pas initié, mais en même temps c'est ce qui fait sa particularité. Même en arbitrage, c'est un des sports les plus compliqués à arbitrer. »
"Au XV, on ne peut pas poser le cerveau car tout repose dessus, sur notre capacité à analyser très vite, à anticiper. C'est comme un disque dur qui travaille, qui rame, qui analyse."
Le XV : épuisant... nerveusement
Sur le terrain, elle court autant que les joueurs, mais subit moins d'impacts. C'est d'ailleurs ça qui l'a poussé à rester dans le rugby, au milieu des joueuses, mais avec une autre mission.
« Un match de XV demande énormément de discipline », détaille-t-elle. « Le cerveau est en alerte pendant 80 minutes et c'est épuisant. Ce n'est pas physique, c'est nerveux. Pendant 80 minutes vous avez le cerveau qui fonctionne, qui analyse les situations qui s'enchaînent à la seconde. Parfois quand on joue, le ballon est loin, on peut se reposer sur ses partenaires, on est dans l'énergie et dans l'instinct. A l'arbitrage, c'est impossible. On ne peut pas se reposer. On ne peut pas poser le cerveau car tout repose dessus, sur notre capacité à analyser très vite, à anticiper. C'est comme un disque dur qui travaille, qui rame, qui analyse ; celle-ci est finie et on passe à l'action suivante et toujours dans l'analyse. Au départ, à la 60e, j'avais une telle fatigue au niveau du cerveau qu'on perd le fil du match et mon arbitrage s'en ressentait. Avec l'expérience on apprend et ça devient une gymnastique du cerveau. Après ça demande à être au top physiquement pour pouvoir consacrer toute son énergie à la réflexion. »
"Physiquement, un match de rugby à 7 demande même encore plus que le XV."
Au 7, trois matches dans la journée
Passer au 7 de temps en temps, comme ce week-end à Clermont-Ferrand, n'est donc pas pour lui déplaire, même si le rythme est sensiblement différent. « On est sur un tournoi de deux jours, on enchaîne parfois trois matches par jour avec une heure, trois heures ou une demi-heure entre deux matches... Ce n'est pas du tout la même approche ni la même philosophie », reconnaît-elle. « D'ailleurs le plus difficile est d'alterner match à XV et match à 7 ; la rythmique n'est pas la même. J'adore la formule du 7 : pendant deux jours les matches s'enchaînent : on fait le match, on va se reposer, on récupère, on mange un peu, on prépare le suivant et c'est reparti. On est toujours dans le suivant. Par contre, même physiquement, sur deux jours on termine rincé ! Physiquement, ça demande même encore plus que le XV. »
Malgré tout, c'est le plaisir qui compte. Et ce week-end, Marie Lematte espère en prendre beaucoup au Stade Montpied pour le premier Clermont Sevens de l'histoire du rugby à 7.