L’Ecosse a aligné son équipe-type pour venir défier les Bleus au Stade de France vendredi 26 mars et mettre un terme définitif à ce Tournoi des Six Nations exceptionnellement rallongé d’une semaine – avec le retour de Finn Russel et la présence de Stuart Hogg à l’arrière.

De son côté, le staff du XV de France a composé avec son histoire et ses performances pour aligner sa meilleure équipe qui soit avec le retour du titulaire Ntamack pour palier l’absence de Matthieu Jalibert, la première titularisation de Swan Rebbadj si précieux face aux Gallois à côté de Bernard Le Roux de retour, la présence d’Arthur Vincent au centre et Anthony Jelonch en troisième-ligne.

« L’enjeu est d’être performant et de gagner le match », a sobrement commenté le sélectionneur Fabien Galthié au moment de dévoiler son équipe. « Le reste viendra en fonction de la construction et du scénario du match face à un adversaire qui vient avec des ambitions à Paris. S’ils battent la France de huit points, ils peuvent terminer deuxièmes de la compétition, ce qui ne leur est pas arrivé depuis longtemps. Ils ont aussi un enjeu. Pour nous, c’est de gagner le match. »

Qui dit gagner le match – par 21 points d’écart – dit aussi remporter le Tournoi des Six Nations 2021, chose qui n’était plus arriver depuis 2010. « Pour remporter le Tournoi, on sait ce qu’on a à faire. Mais c’est un match international avec un process, une façon de construire le match », ajoute Laurent Labit, l'entraîneur de l'attaque française. « Il y a la victoire sur le match, bien sûr, mais aussi le classement mondial derrière qui nous intéresse. On a retrouvé notre troisième place et en gagnant le match on restera sur le podium. La priorité pour nous est d’aller chercher la victoire face à la meilleure défense du Six Nations aujourd’hui. C’est quelque chose de pas simple qui nous attend. »

Travailler aussi bien l’attaque que la défense

Pour parvenir à ses fins, le XV de France a fait un choix : celui ne de pas en faire justement entre travailler plus l’attaque que la défense ou inversement. « La tentation au début de semaine aurait été de renforcer l’aspect défensif dans la préparation de ce match. Il y a eu des discussions, mais ça a vite tourné court », confie le manager de l’équipe, Raphaël Ibanez. « Il y a tellement de connections et de communication dans l’encadrement technique, il s’agissait juste de trouver un équilibre, plutôt que de consacrer plus de temps à l’un ou à l’autre. »

Cet équilibre, Fabien Galthié le résume simplement : « On travaille autant l’attaque que la défense, sur le terrain et dans l’analyse », dit-il. « Si la défense est en place, elle permet de récupérer de l’énergie qui permet ensuite d’alimenter l’attaque. Et à l’inverse, si l’attaque est efficiente, elle permet aussi de récupérer de l’énergie qui permet ensuite d’alimenter la défense. Ce sont des vases communicants. L’attaque et la défense sont très liés. »

L’idée aussi est de ne pas confondre vitesse et précipitation, de garder la tête aussi froide que les Bleus l’avaient en fin de rencontre face au Pays de Galles, ce qui leur avait permis de décrocher une victoire surprise et loin d’être gagnée encore à dix minutes de la fin.

« Il est hors de question de porter le ballon n’importe comment. Il faut qu’on fasse les choses dans l’ordre », insiste Laurent Labit. « On a beaucoup parlé du jeu de dépossession mais on n’a jamais dit à nos joueurs qu’il fallait se débarrasser en priorité du ballon et d’attendre que les bons moments pour jouer. Le jeu au pied fait partie du jeu et il faut savoir l’utiliser avec en face de nous un rideau de 14 défenseurs et un seul derrière le dos. Il ne faut pas tomber dans le fait de surjouer non plus car on sait que cette équipe (l’Ecosse, ndlr) est capable d’exceller sur des ballons de récupération. Il ne faudra pas perdre trop de ballons dans notre camp. C’est pour ça qu’il faudra construire patiemment. »

Un calendrier finalement favorable

Une donnée que les supporters pouvaient craindre est le calendrier remodelé de la fin du Tournoi imposé par l’épisode Covid. Après un mois d’arrêt forcé, enchaîner trois matchs de haute intensité – Angleterre, Pays de Galles et Ecosse – serait-il risqué pour les Bleus ?

« Contrairement aux idées reçues, le match contre l’Angleterre a été l’un des matchs les plus intenses que l’on a connu depuis le début de notre mandat », analyse Thibault Giroud, le préparateur physique du XV de France. « Par contre, le match contre le Pays de Galles a été l’un des matchs les moins intenses ; il est dans le Top 5 des matchs les moins intenses que l’on a connu pour deux raisons : il y a eu énormément d’arrêts de jeu et de recours à la vidéo si bien que la première mi-temps a duré 45 minutes et la deuxième 60 minutes. C’est aussi une des raisons pour lesquelles les joueurs ont pu finir si fort. On a eu beaucoup de récupération que l’on n’avait pas eu sur le match avec l’Angleterre, puis l’épisode Covid.

« La physionomie des deux matchs nous arrange car si on avait fini par le match contre l’Angleterre, on aurait eu des joueurs un peu plus empruntés toute la semaine et on aurait été obligé d’être très spécifiques sur la récup pour pouvoir les emmener vendredi. Et puis, je ne vais pas vous cacher que lorsque vous gagnez un match et que vous jouez derrière une finale, les joueurs sont plus disponibles, prêts à repartir sur le terrain et à mettre de l’intensité. Sur le pur aspect physiologique, on a eu deux matchs très différents sur l’intensité et qui nous arrangent dans l’ordre de l’intensité. »