La question de l'avantage de jouer à domicile se pose de plus en plus par temps de Covid. Car dans des stades vides, quel avantage l'équipe accueillante peut-elle tirer ?

Rien que dans le classement mondial World Rugby remis à jour chaque semaine, le match à domicile se présente comme un avantage et est pris en compte dans la note finale. « Les échanges de points sont basés sur le résultat du match, la puissance de chaque équipe et la marge de victoire. Il y a une pondération lorsque le match se joue à domicile », indique la note explicative.

Mais en temps de crise sanitaire, où le public n'est pas convié à ces rencontres internationales forcées de se dérouler à huis clos, qu'en est-il ?

3 matchs sur 5 à l'extérieur pour la France

Dans le Tournoi 2021, la France n'accueille que deux rencontres : contre l’Écosse (reportée pour cause de cluster à la fin mars) et contre le Pays de Galles le 20 mars. Par conséquent, trois rencontres sont prévues à l'extérieur dont la dernière contre l'Angleterre le 13 mars, sachant que les deux premières se sont révélées gagnantes pour les Bleus : victoire 50-10 en Italie, puis 15-13 en Irlande.

Serait-ce donc un avantage – une fois n'est pas coutume ! - d'aller jouer l'Angleterre dans son pré de Twickenham ? Et à l'inverse, est-ce un inconvénient de disputer de gros match à domicile sans ses supporters pour pousser ?

« On a l'impression que le huis clos favorise les équipes qui se déplacent ; c'est peut-être la bonne saison, oui », reconnaît Paul Willemse, le deuxième-ligne du XV de France.

« C'est vrai que sans la présence des supporters la pression est moins forte, même si on doit faire abstraction de ça », remarque Gaël Fickou. « Mais au fond de nous, on sent quand les supporters poussent leur équipe, quand elle marque, quand il y a une pénalité, sur les choix de l'arbitrage... Ça influe un petit peu. Le fait de jouer sans public, ça équilibre les deux équipes sur un match. »

Ça équilibre les deux équipes

« Le seul avantage qu'il peut y avoir sur le huis clos est surtout par rapport aux supporters avec moins de pression », estime pour sa part le talonneur Julien Marchand, lui aussi convoqué pour préparer le déplacement en Angleterre. « Mais, franchement, je pense que tout le monde commence à en avoir marre, tout le monde aimerait retrouver des stades, même avec quelques insultes, quelques chambrages de la part des adversaires. On s'entend peut-être un peu mieux sur le terrain, mais tous les à-côtés, tout ce qui fait que le rugby est beau, ça commence à manquer... »

« Même s'il est vrai que les supporters nous soutiennent beaucoup, il y a quand même une réalité, c'est que la phase de combat est dictée par les trente joueurs qui sont sur le terrain et cette phase de combat existera, quoiqu'il arrive », nuance William Servat, entraîneur des avants du XV de France.

« Les matchs à l'extérieur ont beaucoup moins d'impact sur l'aspect psychologique, dans le sens où les supporters, lorsqu'il y a une grande percée, un gros plaquage, une décision de l'arbitre, mettent moins de pression sur les épaules des joueurs ou sur l'arbitrage. C'est vrai que ça équilibre un peu l'avantage à l'extérieur. Mais ça manque cruellement aussi car quand on pousse derrière vous, on se sent porté par l'ensemble du public. Le 16e homme nous permet d'aller chercher au plus profond de nous-même pour marquer cet essai ou pour tenir un peu plus longtemps. »

Les Bleus profiteront-ils de la situation pour décrocher un premier succès à Twickenham depuis 2007 ?

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