Ça ne va pas trop être une love-story à l'Aviva Stadium dimanche 14 février lorsque l'équipe d'Irlande accueillera la France pour la deuxième journée du Tournoi des Six Nations. La France arrivera confiante après sa première victoire du Tournoi contre l'Italie une semaine avant, mais surtout après avoir remporté son précédent duel contre les Irlandais (35-27 le 31 octobre 2020).

A l'inverse, l'Irlande s'attend à laver son affront de la semaine précédente, une défaite contre le Pays de Galles alors qu'ils ont dû jouer à 14 contre 15 pendant la majeure partie de la rencontre. Côté stats, l'Irlande, qui a gagné ses trois dernières rencontres à domicile, n'a jamais perdu deux fois de suite contre les Français dans le Tournoi depuis 2010 et 2011.

« Bien sûr que le match sera important », annonce William Servat, entraîneur-adjoint en charge des avants du XV de France. « Les Irlandais la semaine dernière ont connu des difficultés en se retrouvant rapidement à 14 et ont montré l'étendue de leur talent en allant combattre. On sait l'âpreté qu'ils vont y mettre. Aujourd'hui, nous nous préparons pour essayer de rivaliser. J'ai eu la chance de jouer les Irlandais qui étaient déjà une équipe très rugueuse. On sait très bien que ces joueurs-là on beaucoup de caractère et du caractère il en faudra. L'équipe de France a besoin de s'affirmer en s'exportant sur un terrain hostile.

« Les Irlandais ont toujours eu ce fighting spirit qui leur permet d'exister, qui leur permet de faire des choses qui paraissent incroyables. Le fait de rivaliser à 14 contre 15 sur un match international pendant une si longue période et les résultats qu'ils ont eu par le passé le prouvent. On s'attend à une farouche opposition. »

La technique du dézonage

Pour faire face, la France fourbit ses armes, comme le résume en une formule Laurent Labit, entraîneur-adjoint en charge des trois-quarts : « le but pour nous est d'arriver à créer du désordre sur le terrain ». En une phrase – décryptage de la pratique du « dézonage » prônée notamment chez les ailiers – Labit résume le côté feu follet des Français qui peut faire basculer un match à tout instant.

« Dans le rugby que l'on cherche et que l'on pense efficace, un cherche un rugby intelligent, qui gagne et adapté à nos qualités », dit-il. « On est dans notre élément quand il y a du désordre sur le terrain plutôt que de partir sur des schémas à 15 temps de jeu programmés. Avec le profil de joueurs que nous avons, on se retrouve dans ce jeu-là. »

Gaël Fickou, aligné au centre mais qui a longtemps joué à l'aile, a très bien compris cette philosophie de jeu. « Le rôle d'un ailier qui dézone est, en gros, de créer un surnombre et d'apporter un peu plus d'incertitude sur la défense », détaille-t-il. « Aujourd'hui il dézone énormément pendant le match, il essaie d'apporter une plus-value à l'attaque. En gros, il s'agit de rajouter un mec en plus pour créer un déséquilibre sur la défense, donc être en supériorité offensivement. »

Attendus sur les courses négatives

Autre technique à laquelle il a fallu s'adapter pour cette rencontre face à l'Irlande, les courses négatives. « L'adversaire a proposé du jeu avec des courses négatives au bord des rucks qui nous a posé des problèmes », avait reconnu le sélectionneur Fabien Galthié juste après la victoire contre l'Italie lors de la première journée.

« Les Italiens ont exploré ce secteur que peu d'équipes exploitaient auparavant », abonde Gaël Fickou. « Ils l'ont d'ailleurs fait énormément sur ce match dû à notre défense qui était très agressive. Ils savaient que si ils jouaient au large, ils allaient se faire prendre. D'ailleurs, le peu de fois qu'ils l'ont fait, ils se sont fait prendre...

« Ça a été intelligent de leur part. On essaie de s'adapter par rapport à ça. Tant mieux qu'ils l'aient fait avant l'Irlande ! Comme ça, ça nous averti et on sait que les Irlandais vont exploiter ce système-là. On a une grande marge de progression par rapport à ce système de jeu. »

« On sait que les Irlandais ont l'habitude de déceler très vite les choses chez nous ; on verra si ils avaient vu juste », sourit Laurent Labit.

L'ailier Gabin Villière a une partie de la réponse : « ne pas se faire avoir dans ces zones en bord de rucks, peut-être un peu moins circuler, être propre et en ligne en défense pour ne pas laisser d'espaces évidents aux adversaires comme on a pu le faire contre l'Italie. »

Passer des paliers

Gabin s'attend d'ailleurs à être ciblé sur cette rencontre et c'est la raison pour laquelle il confirme avoir axé le travail individuel de cette semaine sur les ballons hauts et la réception. « Ils mettent beaucoup de jeu au pied, de pression avec des mecs qui montent et qui viennent nous poser des problèmes dans le secteur aérien », note-t-il. « Ce sera un secteur très important et il faudra qu'on soit à la hauteur dans le triangle arrière car on va être beaucoup arrosé. »

Favorite de l'édition 2021 du Tournoi, la France ne s'émeut pas face au défi qui l'attend, même si elle s'attend à un gros match. « On s'attend surtout à un match très costaud ! », coupe le pilier Cyril Baille. « On les connaît, on sait qu'ils sont très forts sur les bases avec des trois-quarts très puissants. Ils savent enchaîner des temps de jeu, on sait très bien à quoi s'attendre. Le match en lui-même va être énorme avec beaucoup d'intensité et chaque détail comptera. »

« C'est sur des rendez-vous comme ça qu'un groupe peut passer des paliers supérieurs », ajoute l'arrière Brice Dulin. « Leur premier match leur reste en travers. Ils vont vouloir réagir de la meilleure des manières, d'autant plus chez eux. Et en ce qui nous concerne, ça peut nous permettre d'engranger la confiance construite jusqu'à maintenant et de passer un cap supplémentaire. Ce serait positif de faire un gros match là-bas. »

« Tous les matches vont être clés dans cette compétition. Là, c'est à l'extérieur, c'est un gros match, on sait qu'ils vont nous attendre avec beaucoup d'envie et on a les armes pour y répondre », explique Gaël Fickou. « On a gagné le dernier match, c'est vrai, mais ça fait dix ans qu'ils nous dominent. En fait, il n'y a qu'en octobre qu'on a su les gagner avec la manière. Chaque match est différent. Ce sont des guerriers. »

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