Cinq ans après son lancement, l'initiative Rugby Opens Borders (ROB) continue d'accueillir des jeunes issus des zones de conflit et qui ont trouvé refuge en Autriche. ROB prend appui sur le rugby et ses valeurs pour faire vivre et jouer ensemble garçons et filles et les aider à se faire sentir comme des membres à part entière de la société dans laquelle ils ont échoué.

Des centaines de jeunes sont déjà passés par là, participant à des entraînements, bénéficiant de soins médicaux, trouvant dans cette association une famille qu'ils craignaient de ne plus jamais trouver.

L'une des valeurs de ROB est de venir en aide à ces jeunes en difficulté. Et c'est notamment pour récompenser son travail et ses efforts qu'elle a reçu en 2016 le Award for Character aux World Rugby Awards.

Au début, ils n'étaient qu'une poignée, entre cinq et dix, à jouer au rugby. Aujourd'hui, trois équipes tournent – une de moins de 14, une de filles et une de seniors. Et malgré sa jeune existence, Rugby Opens Borders peut se targuer d'avoir commencé à laisser une trace, mettant le pied à l'étrier de jeunes qui se sont ensuite révélés au sein du RC Donau, un club basé à Vienne et qui évolue dans le championnat national.

« Ils ne sont pas encore dans l'équipe première, mais ça ne saurait tarder », croit savoir Ana Ruiz, l'actuelle manager de l'association. « Nous avons aussi des U18 de chez nous qui jouent pour l'équipe U18 nationale autrichienne. »

Tout est parti d'une simple idée

Ana Ruiz a pris les rênes de ROB à la suite de son fondateur, Udo Richson, un ancien international de rugby autrichien qui a toujours cru au pouvoir transformationnel du rugby, qui pouvait aider ceux qui en avaient besoin, notamment ceux qui avaient traversé les frontières, à trouver leur place en Autriche.

« Comme beaucoup de choses, là, tout est parti d'une idée », explique Udo Richson à World Rugby. « Début 2015, le vice-président de mon club de rugby, Donau Wien, m'a demandé si j'étais intéressé pour développer un projet d'ordre social. J'ai tout de suite accepté parce que j'ai eu des moments difficiles quand j'étais plus jeune et ce sont précisément les valeurs du rugby qui m'ont aidé à remettre de l'ordre dans ma vie.

« J'avais entendu dire que beaucoup d'enfants réfugiés non accompagnés vivaient sous des abris de fortune en Autriche en attendant de voir s'ils étaient autorisés à rester dans le pays ou non. Certains étaient là à ne rien faire depuis près d'un an.

« Alors on a pris quelques ballons de rugby, on leur a emmené et on leur a proposé s'ils étaient intéressés pour jouer avec nous.

« Au début, ils nous ont regardé bizarrement avec notre ballon en forme d’œuf. Mais ensuite on leur a montré une vidéo et on leur a expliqué comment ça se passait. Ils ont adoré et ils ont tout de suite adhéré. Ils adorent le côté physique du rugby parce que ça les aide à évacuer. »

Les plus belles victoires

Ana, quant à elle, est arrivée dans cette aventure en 2016, l'année où une équipe de rugby à 7 entièrement composée de réfugiés a participé aux United World Games.

« Nous avons été obligés de changer de cible car nous avons de moins en moins de mineurs non accompagnés qui arrivent en Autriche », explique Ana. « Nous nous concentrons du coup plus en ce moment sur l'insertion des réfugiés avec les associations locales que la constitution d'une équipe.

« On aimerait bien changer la perception de la société autrichienne à l'égard des réfugiés et leur montrer que ce ne sont pas que des gens qui squattent les parcs et ne font rien de leur journée, que tout le monde peut au contraire faire quelque chose, pratiquer un sport, faire une activité, jouer au rugby ou aider les autres en distribuant de la nourriture à ceux qui en ont besoin ou encore travailler dans les espaces verts. »

Ana souhaite également intégrer plus d'équipes dans des tournois de rugby à toucher, beach rugby ou rugby sur neige, que ce soit à XV ou à 7. Mais les prouesses de ROB ne se mesurent pas à l'aune des victoires ou des défaites, mais aussi sur ce que toutes ces initiatives peuvent apporter aux bénéficiaires. Et c'est précisément là que résident leurs plus grandes victoires.

« Nos plus grandes victoires, c'est de voir l'impact que nous avons eu sur leur vie », explique Ana Ruiz. « Beaucoup de ceux qui sont passés par ici ont, grâce à ROB, pu fonder une famille. Beaucoup sont devenus arbitres, coach ou jouent tout simplement au rugby. Ils améliorent leur allemand et ça les aide dans leur scolarité.

« Hier par exemple je discutais avec un de nos joueurs qui avait 14/15 ans quand il est arrivé. C'est maintenant un jeune homme et le rugby l'a aidé à évoluer dans le bon sens. Il suit des études, il s'est marié et il ne se voit plus comme un délinquant. Je pense que son histoire illustre très bien ce que nous faisons ici... »

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