Alhambra Nievas, manager du développement des arbitres à World Rugby, explique comment les progrès réalisés quant à l'accompagnement des femmes vers l'arbitrage sont maintenus malgré la pandémie de Covid-19.

Même si le rugby est à l'arrêt dans le monde entier, la situation n'est pas complètement gelée non plus. Ainsi, Sudamérica Rugby a annoncé la composition de son premier panel d'arbitres femmes à la fin du mois d'avril avec douze représentantes du Brésil, de l'Argentine, du Chili, de l'Uruguay, de la Colombie et du Paraguay.

Dans le but de ne « laisser aucune fédération ou région derrière » durant la crise, Alhambra Nievas et ses collègues ont mis au point une académie virtuelle de la haute performance destinée aux officiels de match, qu'ils soient hommes ou femmes.

Le programme, qui a démarré le 14 mai, assure aux participants un accès à un contenu technique comprenant notamment des sessions en ligne initiées tous les quinze jours par Alhambra Nievas, Alain Rolland, Paddy O'Brien et Craig Joubert.

Huit femmes arbitres représentant la Belgique, le Canada, l'Allemagne, l'Italie, le Kenya, les Samoa, les USA et le Zimbabwe y participent.

« Tous les arbitres qu'ils soient hommes ou femmes, travaillent ensemble et cet outil nous permet à tous de nous préparer du mieux possible pour le moment où l'on sera de retour sur les terrains », explique Alhambra Nievas. « Nous sommes très satisfaits de ce programme. »

Préparer la suite

L'académie virtuelle de haute performance est une émanation de la première Académie Féminine de Haute Performance qui avait été lancée à Stellenbosch il y a 12 mois. Un certain nombre de participants qui avaient fait le voyage en Afrique du Sud sont inscrits à ce programme et, avec la Coupe du Monde et les JO de Tokyo à l'horizon en 2021, Alhambra Nievas veille à ce que les impératifs de développement ne souffrent pas de la situation pandémique mondiale.

« C'est en fait le bon moment pour prendre le temps d'aller plus en détail dans des domaines-clés des règles du jeu, comme cela nous serons encore mieux préparés lors de la reprise, surtout avec la Coupe du Monde de Rugby et les Jeux olympiques l'année prochaine », indique Alhambra Nievas. « Ce sont deux événements rugbystiques importants et c'est important de continuer à y travailler avec le panel. C'est pourquoi nous sommes attentifs et proactifs dans notre préparation malgré cette période exceptionnelle. »

Même si l'académie virtuelle n'est pas destinée aux officiels de match professionnels, ceux-ci apportent néanmoins une contribution précieuse. Aimee Barrett-Theron, Amy Perrett, Hollie Davidson, Joy Neville, Rebecca Mahoney et Sara Cox sont toutes en contrat professionnel avec leur fédération d'attache après avoir officié sur les plus grands tournois au monde. Une manière de souder un peu plus les officiels de match entre eux.

« C'est important car lorsque les gens nous voient sur le terrain, ils ont tendance à considérer qu'on est un peu tout seuls. Or, nous fonctionnons en équipe », relève Alhambra. « En ces temps difficiles, on peut compter sur le soutien des meilleurs arbitres qui partagent leur expérience et interagissent avec nos équipes. C'est beau à voir. Nous travaillons étroitement avec nos arbitres à 7 et à XV de World Rugby pour assurer un développement dans toutes les régions. »

Aux côtés d'Aimee Barrett-Theron, de la double championne du monde Rebecca Mahoney et de Joy Neville qui évoluent dans le très haut niveau, d'autres jeunes recrues commencent à gravir progressivement les échelons.

La Black Fern Selica Winiata, championne du monde en 2017, et l'ancienne arrière du Canada Julianne Zussman, espèrent ainsi suivre les traces de leurs aînées. « C'est important de pouvoir créer des opportunités pour faire en sorte que de plus en plus de femmes arbitres puissent arbitrer des matches de rugby et pas uniquement des matches de rugby féminin », précise Alhambra Nievas.

Elle appelle à un « changement de culture » au sein de toutes les fédérations et des régions pour que ces opportunités se développent au fur et à mesure. « Tous ces exemples sont nos modèles pour les générations futures et je pense qu'il est très important que l'on continue à avancer ensemble, que l'on échange et que l'on apporte un changement de culture », affirme Alhambra Nievas.