Jade Konkel n'est jamais allée en Allemagne, ville natale de son grand-père paternel, ni à une Coupe du Monde de Rugby. Mais si elle devait choisir à mettre l’un ou l'autre en tête de sa « to do list », c'est certainement la deuxième tâche qu'elle remplirait en priorité.

Première femme à se voir confier un contrat professionnel à temps plein par la Scottish Rugby Union, Jade Konkel est une joueuses-clé de l'équipe écossaise depuis ses débuts en 2013.

L’échec de l’Écosse à se qualifier pour les tournois de 2014 et 2017 signifie que la numéro huit des Harlequins est déterminée à ne pas rater une autre Coupe du Monde de Rugby.

Un rêve qui peut devenir une réalité

« Tout ce que nous faisons en ce moment est axé sur la qualification à la Coupe du Monde », soutient Jade Konkel, avant les tests de novembre contre le Pays de Galles et le Japon. « Nous allons toujours prendre chaque match comme il se présente mais, au final, nous voulons être à la meilleure position en septembre pour nous qualifier.

« J’ai déjà raté deux Coupes du Monde. Sur un plan personnel, c’était tellement difficile à regarder, déchirant, mais je pense que c’est un objectif que personne n’a lâché et nous travaillons toutes dans ce but. Tout est mis en place autour de nous pour nous donner les chances de réussir. Pouvoir participer à ma toute première Coupe du Monde en Nouvelle-Zélande, où le rugby est roi, serait véritablement un rêve qui deviendrait réalité. »

La participation de l’Écosse à la Coupe du Monde de Rugby 2021 dépend de sa victoire au tournoi européen de qualification qui aura lieu en septembre 2020 ou, au pire, de son arrivée en deuxième place, puis de sa chance au repêchage.

L'Irlande et l'Italie, ses rivales dans le 6 Nations, ainsi que les vainqueurs du Rugby Europe Women's Championship 2020 - l'Espagne est la favorite pour conserver ce titre – seront également sur son passage.

Sur une série de victoires

Une double victoire lors de la tournée en Afrique du Sud avec le nouvel entraîneur Philip Doyle laisse à penser que l’Écosse se trouve dans une bonne position pour les matches de ce mois-ci contre le Pays de Galles et le Japon, au Scotstoun Stadium de Glasgow, les 17 et 24 novembre.

« Nous n’avions eu que 10 séances d’entraînement avant la tournée avec le nouvel entraîneur. C’est peu, c’est l’équivalent d'un peu plus de deux stages. Remporter deux victoires - et passer beaucoup de temps à apprendre à mieux se connaître – a été très bénéfique », dit-elle.

 

 

 

Un autre indicateur pour voir où en est l’Écosse, déjà avec son précédent entraîneur Shade Munro et aujourd'hui Philip Doyle, est le fait que cinq des 13 dernières sélections de Jade Konkel se sont soldées par une victoire alors qu'elle n'avait vécu qu'une seule victoire sur ses 24 premières sélections.

« C'était un début assez lent, c'est le moins qu'on puisse dire, mais il y avait encore tant de points positifs à prendre en compte », admet-elle avec le recul. « Beaucoup de gens ont parlé d'échec, mais je crois sincèrement que nous avons tiré les leçons de chacune de ces défaites et, même si nous avons encore beaucoup de retard, le fait que nous ayons réussi à persévérer et que nous construisions maintenant est vraiment bon et prouve la pertinence du programme pour nous aider à nous améliorer. »

Cela fait 10 ans maintenant que l’Écosse n'a plus remporté plus de trois tests de suite et Jade Konkel s’attend à un match très physique contre le Pays de Galles. Les deux derniers matches des Six Nations s'étaient terminés avec un point d'écart, avec une victoire pour chaque équipe.

Le jour et la nuit

« Le Pays de Galles est l'une de mes équipes préférées contre qui jouer. Nous sommes évidemment très semblables dans notre façon de jouer et c'est toujours très physique. Avec nos nouvelles structures en place, il sera intéressant de voir comment cela va se passer, puis de jouer contre différents adversaires comme le Japon. Jouer contre un nouvel adversaire ne peut que nous être bénéfique. »

Outre la montée en puissance de l’Écosse, Jade Konkel a été témoin de la manière dont le rugby féminin a pris son envol depuis ses débuts au RFC de Hillhead-Jordanhill. Plutôt que d'être la première et unique joueuse sous contrat du rugby écossais, elle est maintenant l'une des dix joueuses avec ce statut.

« Sarah Law et moi avons été capées le même jour, en 2013, et je lui disais en Afrique du Sud, lorsque nous étions en train de faire une photo de groupe pendant la présentation du maillot, que nous n'aurions jamais pensé que nous serions debout là, sur le point de disputer une tournée de deux tests contre une opposition de l'hémisphère sud. C'était en soi un moment extraordinaire », sourit Jade.

« En 2013, nous n’avions jamais fait de tournée semblable. Grâce aux ressources financières, le fait que beaucoup d’entre nous se soient tournées vers le Premiership (en Angleterre), le fait que nous ayons des joueuses sous contrat… tout cela s’est considérablement amélioré. De toute évidence, il y a encore beaucoup de choses à faire pour aller encore plus loin, mais depuis 2013, c'est le jour et la nuit... »

Crédit photo : Scottish Rugby / SNS